Bangkok Avril 1998
Beyrouth le 23 avril 1998
Soyez les bienvenus en Thaïlande.
Je ne sais pas pourquoi les Thaïs ont troqué le nom de Siam pour Thaïlande.
Siam se traduit par le peuple sourire et c'est vrai. C'est rare un peuple aussi
souriant, aussi aimable et aussi poli que ces gens. Tandis que Thaïlande
exprime un peuple libre voir démocratique. C'est vrai jusqu'à un certain point
puisque Rama 9 (roi) possède encore des pouvoirs réels.
Le thaï est une langue tonale. Le
même mot a des significations différentes selon le ton de sa prononciation. Le
ton va changer selon l’interlocuteur. Mon chauffeur me fait savoir que MA est
susceptible de signifier CHEVAL, CHIEN, VENIR selon le ton employé. La langue
n’est pas belle, elle est plutôt agaçante à entendre.
Bien que Bangkok, la capitale, est
le siège de l'une des croissances économiques les plus rapides de la dernière
décennie, la majeure partie du pays reste inchangée. Malgré les apparences
flatteuses de la capitale, les bas fonds regorgent de prostituées dont
plusieurs ne dépassent pas 13 ans. Le gouvernement sous les auspices des
Nations Unis a affiché des pancartes priant le touriste de ne pas encourager la
prostitution des mineurs. Juste pour donner une idée de la misère : nous avons
pris, mon ami et moi un taxi, toute la journée (de 9h à 22h) pour nous faire
promener à Bangkok et en dehors pour la modique somme de cinquante dollars
américain. Je suis sûr que nous aurions pu trouver meilleur marché. Sortir de
Bangkok, le touriste ne peut s’empêcher de voir la misère de la campagne.
Le chômage est inconnu. Les
gratte-ciel poussent comme des champignons. Les hôtels sont comparables aux
nouveaux hôtels bâtis récemment par les Européens à Cuba ou dans les autres
pays des Caraïbes. Les magasins ornent chaque rue. La première cité possède
au-delà d'une centaine de centres d'achat qui font rougir les nôtres tant par
la grandeur de leurs surfaces que par la quantité des magasins et de la
marchandise étalée. En un mot le paradis terrestre pour les lèches vitrine. Les
prix sont minimes pour les marques inconnues et comparables aux nôtres pour les
connues. L’indigène et le touriste ont l’embarras du choix pour les
restaurants. Il y en a à tous les goûts. Je n'ai pas vu d'autos datant de plus
de cinq ans. Aucun mendiant dans les rues.
Ce qui est le plus étonnant, les
soixante millions de Thaïs et surtout les dix millions qui habitent la capitale
ont su garder le pays propre. Beyrouth, Istanbul et Damasse, pour ne citer que
celle çi, ont tout intérêt à étudier le processus que le pays a adopté en
matière sanitaire. Par contre dans les campagnes, faute de canalisation,
l'indigène se baigne et lave son linge dans les Khlong (canaux) malpropre et
pollué d'une manière honteuse. Quel contraste !
Les trois quarts de la population
sont bouddhistes, dix pour cent chrétiens et 10 % musulmans. Ces derniers, sous
l’influence de la Malaisie, commencent à fomenter des troubles dans le sud
ouest du pays. Les chrétiens et les musulmans sont comparables aux nôtres. Les
bouddhistes sont très croyants. Les statues de Bouddha sont partout : dans les
Wat (temple), les rues, les parcs, les centres d’achat, les magasins … et
surtout dans les maisons. Ayutayah, une petite localité au nord de Bangkok,
l’ancienne capitale de la Thaïlande, possède 375 Wats. Chaque jour, je voyais
des femmes, des hommes de tout âge, priaient dans les temples ou allumaient des
bougies dans les rues en l’honneur de l’homme sage : Bouddha. L’homme blanc est
surpris par la similarité des actes religieux tant pour les juifs, chrétiens et
musulmans. Le système religieux a une grande ressemblance avec les hébreux. Les
statues, bougies et les décorations des temples sont presque identiques aux
chrétiens. La prosternation devant Bouddha comporte une ressemblance étonnante
avec celle du musulman. Le 13 avril 1998, les thaïs fêtaient le nouvel an
bouddhiste. Ils sont rentrés dans l’an 2541. Une question se pose : comment se
fait-il que la Bible, l’Évangile et le Coran ne soufflent mots sur une religion
qui parle d’amour, de tolérance et de charité ?
Le pays n’a souffert d’aucune
domination occidentale et c’est pour cette raison qu’il s’est donné corps et
âme à l’imitation de la “American way of life”. Les lieux historiques se
limitent à l’histoire du pays et les quelques invasions birmanes ou khmers.
Les us et les coutumes sont
nombreux et comportent un fardeau énorme pour la personne du 21e siècle. La
tête constitue la partie la plus noble du corps et par ce fait même personne ne
peut la toucher. Les pieds sont les parties les plus infâmes du corps d’où la
nécessité d’ôter les souliers dans un Wat, musée, à l’école et surtout à la
maison. Peux-tu imaginer le nombre de fois que j’ai ôté mes souliers. Le roi
n’a pas pu visiter un centre financier car la police était dans l’impossibilité
d’évacuer les étages du haut. Les pieds des gens ne pouvaient être au-dessus de
la tête du roi. Sauf en politique, le Thaïs ne riposte pas. Si un professeur
dit des conneries (Dieu seul sait combien), il ne lui dira rien. Malgré
l’émancipation remarquée de la femme de Bangkok, l’homme reste dominant dans le
reste du pays. Aucune femme en costume de bain sur les plages. Le Thaïs est
superstitieux. Le malheur va frapper sa maison si la statue de Bouddha n’est
pas dans sa maison, son magasin, son auto … Il faut un pèlerinage dans un Wat
lointain au moins une fois par an. S’il utilise son taxi pour une affaire sale,
il fera certainement un accident …
Il peut sembler difficile,
d’emblée, de dire du bien de Bangkok. L’air y est épais et les rues encombrées.
Les arbres n’offrent aucune fraîcheur dans la chaleur écrasante, et trente
minutes de marche suffisent parfois à te déshydrater sérieusement. Les
visiteurs se demandent comment il est possible de vivre ainsi. Un grand beau
fleuve sillonné par des bateaux de tout genre est pollué au maximum. Nombreux
policiers portent des masques d’oxygène pour gérer la circulation tant l’air
chaud (il faisait 50 degrés avec 100 % d’humidité) n’était pas respirable. Elle
possède deux grands et beaux parcs. L’extrême richesse côtoie la misère la plus
totale.
Commençant par les visites des Wats
(temples) :
·
Le Wat Arun, vu
du fleuve, cette tour imposante, qui miroite de ses millions d’éclats de
porcelaine sur lesquels joue le soleil, est féerique. Le prang (tour)
représente les 33 ciels situés immédiatement au dessus de lui. Les 4 prangs qui
l’accompagnent, représentent les quatre océans. L’un des pavillons est décoré
de peintures retraçant la vie du Bouddha : naissance, illumination, les cinq
premiers disciples et sa mort. Dommage que partout est défendu de photographier
les intérieurs. J’ai réussi quand même à photographier de dehors quelques
aspects de l’intérieur.
·
Oratoire d’Erawan
fourmille de monde. En effet, les gens y viennent pour invoquer les bienfaits
de Brama, surtout la veille de jours de tirage de la loterie. Pour le plaisir
du dieu, une troupe de danseurs se produit tous les soirs vers 19h. Ils sont
payés par les fidèles qui considèrent l’aumône comme une offrande.
·
Wat Indrawiharn
se signale par un Bouddha de 32 mètres de hauteur.
·
Wat Mahathat
abrite le quartier des moines bouddhistes. Tout à l’entoure se vend des herbes
médicinales.
·
Wat Phra Keo qui
renferme Bouddha d’Emeraude. C’est le sanctuaire le plus saint de toute la
Thaïlande. Il fût achevé en 1784. Elle est le sanctuaire privé du roi. Les
peintures sur les parois de la chapelle représentent des scènes de la vie du
Bouddha et de ses existences antérieures, mêlées à des éléments de cosmologie
médiévale.
·
Wat Po est le
plus ancien de Bangkok. Il a été bâti au 16e siècle. Il faut admirer le Bouddha
couché long de 46 mètres. Les nacres incrustées sous la plante des pieds
représentent les 108 signes qui permettent de reconnaître un Bouddha. C’est un
lieu d’enseignement et d’exercice de la médecine, de la botanique et de l’art
du massage thaï.
·
Wat Rajbophit se
distingue par des porcelaine à la française.
·
Wat Rajanada est
couronné de gracieux toits en forme de tiares. Tout au tour de ce wat il y a un
marché aux amulettes. Ces amulettes sont spécialisées, comme les amulettes
d’amour ou celles dont les yeux multiples protègent des dangers venant de
toutes directions …..
·
Wat Suthat
possède un Bouddha méditant de 8 mètres. 52 Bouddha entoure la grande statue. À
15 cm du sol les cendres des gens décédés sont placés dans des boîtes portant
leurs noms.
Bangkok, comme d’ailleurs le reste
du pays regorgent de Wats. Je me suis contenté de ce qui sont mentionnés.
1.
Le grand palais
est une ville à l’intérieur d’une ville. Il s’étend sur 218 400 mètres carrés à
l’intérieur de deux kilomètres de murailles. Le harem était gardé par des
ennuques. Le roi actuel n’habite plus ce palais.
2.
Le musée national
est un très grand musée et qui est considéré à juste titre comme un repaire
d’art et de culture. Il abrite entre autre la plus ancienne constitution du
pays datant de 1283. Décrire pièce par pièce ce que j’ai vu c’est écrire
l’histoire du Siam depuis son existence en 810.
3.
Palais Suan Pakkkard
se compose de cinq maisons traditionnelles disposées dans les années 1920 par
la princesse Chumbhot Svarga qui fit tracer autour un vaste jardin paysager.
4.
Palais Wimarn Mek est
considéré comme le plus grand édifice en teck doré du monde. Construit sur une
île, il fut démonté et transporté à Bangkok par le roi Chulalongkorn (Rama 5)
en 1900. Ce palais se dresse comme une île, au milieu de ses bassins. L’un
d’eux étale au sud des eaux couleur vert jade, du fait de la végétation qui
l’envahit.
5.
J’ai pris un bateau et sillonné les eaux de la Chao Phraya. J’ai découvert les barges royales. Le
gouvernement a utilisé ces barges lors du 70e anniversaire du roi. Il y avait
deux milles rameurs. Aucun mot ne peut les décrire. Il faut voir le vidéo
(4h30).
Bangkok regorge de restaurants théâtres ou la direction présente des
courtes pièces représentant les coutumes et costumes de chaque province. Chaque
pièce se veut une leçon de moralité. Naturellement le tout en Thaïs. Inutile de
te dire que le spectateur libanais n’a rien compris.
Les marchés sont partout. Les rues
de la capitale elle-même ne sont qu’un gigantesque marché ou l’on vend de tout,
des fleurs en soie artificielle … aux
ciseaux de barbiers ! Il y a des boutiques insolites partout. Et partout il y a
des cuisines ambulantes dont les marmites fumantes vous mettent en appétit …
enfin il faut avoir vraiment faim pour se hasarder et goûter. La profusion de
cuisines des rues de toutes formes ont fini par transformer Bangkok en un
restaurant pantagruélique.
Deux sortes de massages, les vrais et les bons. Le premier est
donné de préférence par des hommes aveugles et robustes dans des centres
reconnus par l’association nationale de massage thaï. Il s’agit d’enfoncer la
pointe des doigts, surtout le pouce, partout sur le corps. L’enfoncement se fait
à la limite de la tolérance. Tu sors de là tout à fait à l’aise et prêt à
entamer une journée de marche chargée.Les bons, les meilleurs selon certain,
consistent à du tripotage par des femmes choisies dans un bain savonneux. Ceci
est décrit selon les ouïe dire des autres. J’ai refusé systématiquement de me
tromper dans ces lieux de débauche.
La vie
nocturne se passe dans les hôtels, les quelques restaurants
spectacles ou dans les strip-tease de basses qualités. La plupart des filles ne
dépassent pas 13 ans.
La boxe
thaïlandaise est un spectacle unique. Au son d’une musique à deux
temps, les boxeurs dansent tout en donnant des coups. Tous les coups sont
permis. Le vrai spectacle se passe chez les spectateurs qui parient tout ce
qu’ils ont dans leurs poches, le tout s’accompagnant d’un vacarme
indescriptible.
Ayutthaya,
l’ancienne capitale, est située à 76 km au nord de Bangkok. Bâtie en 1350 elle
a été détruite en 1767 par leurs voisins du nord est la Birmanie. Mais les
vestiges que j’ai visités démontrent, sans aucun doute, la splendeur passée de
cette capitale. Je n’ai qu’à mentionné qu’elle possède 375 Wats (temple
bouddhiste).
Le
palais Bang Pa-in à 90 km au nord de Bangkok. Le roi Chulalongkorn
bâti ce palais d’été pour assouvir son amour pour les styles variés. Les
éléments traditionnels siamois se mêlent aux influences grecques, italiennes ou
chinoises.
Il a fallu parcourir 225 km pour
visiter Cha-am sur la rive ouest du Golf
de thaïlande. Une belle plage que les Thaïlandais chérissent beaucoup. Quelle
fût ma surprise en constatant que sur la plage, il n’y avait aucune femme en
costume de bain.
Le
marché flottant de Damnoen Saduek (75 km au nord est) est unique en
son genre. La ville est sillonnée de Klongh (canaux). Venise paraîtra une naine
à côté du nombre de canaux qu’il y a ici. Les femmes viennent de partout en
bateaux pour vendre toutes sortes de produits allant de légumes, fruits aux
chapeaux artisanaux. La vue est très colorés. Pour aller à la place du marché,
j’ai dû parcourir 12 km en bateaux dans des canaux parfois pas plus large que 3
mètres.
Kanchana
Buri, à 130 km à l’ouest, se trouvent les cimetières de guerre de
chung kai ou 60,000 soldats anglais, australiens, néo-zélandais … morts pour la
cause de la liberté durant la 2e guerre mondiale.
5 km de Knachana, Le pont de la
rivière Kwaï ou le film a été tourné. Contrairement à ce que le monde a pu
voir, David Navin n’a pas fait sauté le pont. Il existe toujours et en très bon
état. J’ai parcouru, en bateau, 12 km sur la rivière pour rentrer dans une des
plus belles caves que j’ai vue à date. La cave est dédiéeà bouddha.
Naturellement dans les sentiers étroits nous croisions des moines.
Wat Tham
Monkorn Thong, 6 km de Kanchan Buri, ou j’ai visité une autre
caverne dédiée à Bouddha.
Les
chutes Erawan, 275 km au nord ouest de Bangkok, des chutes à 7
étages situées dans un parc naturel qui nous donne une idée de la jungle
Thaïlandaise qui couvrait 90 % de la surface du pays. Aujourd’hui cette jungle
ne couvre que 10 %.
Lop Buri
à 155 km au Nord Est, se trouve le palais de Narai Rajaniwet qui fut construit
en 1665. A l’entrée de la ville se trouve le Phra Prang (tour) Sam Yot : trois
immenses prangs en grès montrent à la fois des influences bouddhistes et
hindoues. En face se trouve un temple hindou moderne.
Nakhon
Nayok à 140 km à l’est de Bangkok, un parc naturel avec des chutes
d’eau très belles.
Pattaya,
une plage située à 210 km sur les rives est du golf de Thaïlande est une ville
très sale. A cause des soldats américains qui campaient dans sur cette plage,
les putes fréquentaient les lieux. Après le départ des GI’s, les financiers ont
utilisé ces femmes savantes dans des cabarets. D’un cabaret à l’autre, la ville
a grandit. Actuellement, la plage est très sale mais elle est très fréquentée
par les touristes à cause de la débauche qui existe. La corniche au complet se
compose d’hôtel 2 étoiles et des cabarets collés l’un à l’autre. J’ai vu des
enfants de 12 et 13 ans danser nus. La grande clientèle de Pattaya sont des
allemands.